jeudi 10 juillet 2008

I

L’Apocalypse est grise. Sans le moindre reflet – ce n’est pas le gris de l’océan, ni celui du miroir, ni celui d’un regard. Elle est du gris de la poussière - elle n’a rien du noir de la peur ou du rouge de l’hémorragie. Elle n’est pas un déploiement passionné de fureur et de feu. L’Apocalypse est grise. Comme le Néant – qui n’est pas noir. Comme la Nausée. Comme un orage chargeant d’électricité une éternité de latence, portant à son comble la tension et le poids, mais n’explosant jamais. L’Apocalypse n’est pas l’instant étroit où le monde s’effondre, elle est le jamais éternel ; elle n’est pas le paroxysme de la douleur, mais l’absolu de son absence. Une orgie de béton, de métal et de fer. Une orgie sans passion.

Au commencement, donc, il y avait la fin. Au commencement, il y avait le Gris.

Les quatre cavaliers ? Ce sont des cavalières, brumeuses et voilées, allant toujours au pas et jamais au galop. Ce sont des cavalières, et voici leurs prénoms :

Atonie,

Apathie,

Ataraxie,

Anesthésie.

Voilà la conclusion de vingt et une années de vie, vingt et un ans qui m’ont enlisée dans cet engourdissement létal comme dans d’irrésistibles sables mouvants. Vingt et un ans et je suis morte, noyée sous des torrents de gris.

Le A est accentué de fin. Et toute reconstruction passe par une destruction méthodique de ce qu’il y avait avant. Je vais bâtir ma vie sur un désert de ruines.

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