Untitled
#3
L’abîme sous mes pas,
Je danse
A ta mémoire, à l’aube, à
l’amertume, à l’oubli, au
Désastre.
Je joue la funambule aux chaussons de
rasoirs sur un fil de néant tendu entre les astres.
L’abîme sous mes pas, j’ai ton sang
dans mes tempes,
Et au creux de mon bras la méfiante
morsure d’une tranchée amie.
J’entends
Ta voix qui chante des symphonies de
gris, des bonbons de cyanure sous la langue.
Je sais ton idée sombre.
J’ai l’abîme sous mes pas, des bleus
autour des hanches
(Le vide a un parfum, un parfum de
danger),
Et mes nuits, mon Ennui,
Ô, que mes nuits sont
blanches !
J’ai cru, au fond du soir, mourir
A
La
Nausée ;
Mourir, les doigts crispés de
fureurs déicides.
J’étais un ventre creux, un visage
Livide.
L’abîme sous mes pas,
Je ne sais plus pleurer.
Et ces éclats moqueurs que crachent
les miroirs lorsque je les maudis !
Les yeux gris de brouillard, je
brise mon reflet contre mes poings hagards
Mais l’abîme ne meurt.
Je danse à ta mémoire.
03/06/2012