Y’a tous ces gens qui vont mal loin et autour de moi. Tous ces gens, et moi au milieu qui ne vais pas mieux, et moi qui suis paumée dans les bras du vide, qui m’agite sans conviction dans des draps imbibés de mon sang anémié.
Nous sommes la génération du néant.
Ne plus croire en rien. Juste une menthol et un café au lait, dans ce petit jardin pourri, et le ciel invariablement gris là-haut sur mes épaules. Juste ça, cet instant, le poids et la douceur et l’amertume. Devenir une sensation. C’est la seule ambition qu’il me reste.
Pourquoi tout le monde semble s’imaginer que j’ai trouvé la clef pour décrypter la vie ? Si la vie a un sens, il nous est juste inaccessible ; si la vie se dirige vers une victoire, nous n’aurons pas notre part de gloire, parce que c’est dans l’ordre des choses. Est-ce que vous voulez vraiment attraper mes abysses ? C’est contagieux, vous savez, et c’est incurable. Un SIDA moral.
Une simple histoire d’échecs. A tous les niveaux. Un jeu. J’ai voulu traverser le plateau pour devenir une Reine, on m’en a empêchée ou alors je n’ai pas été assez volontaire, quoi qu’il en soit, je reste un pion, un pauvre pion noir coincé sur une case noire.
Juste
Un
Jeu
Immobile
Sans
But
Et
Sans
Règles
Se traîner de case en case pour se donner l’illusion d’aller quelque part. Brasser de l’air pour mimer le mouvement. On joue à être vivants.
Des châteaux de carton.
Des
Pluies
De
Confettis.
Nous sommes ces messies de carnaval qui rêvons de croire en quelque chose, bouffés par le mépris que nous inspirent tous les pantins qui vénèrent nos auras.