
Bonjour.
Je suis la Dame de Pique.
Nous sommes la Dame de Pique.
Elle et moi.
Ce qu'il y a d'exceptionnel avec les cartes à jouer, et en particulier les figures, c'est qu'elles peuvent s'observer dans les deux sens, se retourner à l'infini, de sorte que l'une des deux moitiés se dresse, fière, presque à planter son regard de carton dans vos yeux enfiévrés ; et que l'autre suffoque, la tête en bas, oppressée par vos doigts suants et imbibés de tabac, attendant que la fantaisie de vos nerfs exaltés daigne lui rendre un peu de sa dignité - car telle face ne s'exprime jamais qu'au détriment de l'autre. Et vous jouez, pauvre fou, et vous vous croyez maître, grisé par cette illusion de pouvoir que vous donne le claquement des lames sur le bois de la table ; mais, toujours, c'est le jeu qui vous possède, qui entre dans votre âme de conquérant factice, comme le ferait un spectre millénaire dans votre carcasse parcourue de frissons.
Les cartes sont votre destin. L'instrument disloqué de votre fortune et de votre ruine ; le parchemin émietté sur lequel sont gravées l'amertume de votre passé, l'inanité de votre présent et la vacuité de votre avenir.
Elles sont la psyché fracassée où se reflètent les variations fumeuses de vos passions amorphes.
Et nous, nous sommes la lame maudite sur laquelle vous n'oserez poser la main.
Je suis la Dame de Pique.
Nous sommes la Dame de Pique.
Elle et moi.
Ce qu'il y a d'exceptionnel avec les cartes à jouer, et en particulier les figures, c'est qu'elles peuvent s'observer dans les deux sens, se retourner à l'infini, de sorte que l'une des deux moitiés se dresse, fière, presque à planter son regard de carton dans vos yeux enfiévrés ; et que l'autre suffoque, la tête en bas, oppressée par vos doigts suants et imbibés de tabac, attendant que la fantaisie de vos nerfs exaltés daigne lui rendre un peu de sa dignité - car telle face ne s'exprime jamais qu'au détriment de l'autre. Et vous jouez, pauvre fou, et vous vous croyez maître, grisé par cette illusion de pouvoir que vous donne le claquement des lames sur le bois de la table ; mais, toujours, c'est le jeu qui vous possède, qui entre dans votre âme de conquérant factice, comme le ferait un spectre millénaire dans votre carcasse parcourue de frissons.
Les cartes sont votre destin. L'instrument disloqué de votre fortune et de votre ruine ; le parchemin émietté sur lequel sont gravées l'amertume de votre passé, l'inanité de votre présent et la vacuité de votre avenir.
Elles sont la psyché fracassée où se reflètent les variations fumeuses de vos passions amorphes.
Et nous, nous sommes la lame maudite sur laquelle vous n'oserez poser la main.
(Picture by Miyang : http://miyang.deviantart.com/)